Santé et médecine traditionnelle

Expériences de l’ONG OPESVAT en matière de prise en compte de la médecine traditionnelle et des tradipraticiens dans la lutte contre les pandémies du sida et du paludisme

L’ONG OPESVaT développe depuis quelques années, une politique de promotion de la médecine traditionnelle. En effet, devant le coût de plus en plus élevé des produits pharmaceutiques d’importation et le faible pouvoir d’achat des populations du Bénin, surtout en zone rurale, OPESVAT a mis en place depuis 1999, une stratégie de valorisation de la médecine traditionnelle comme alternative au problème de médicaments qui se pose au niveau des formations sanitaires.

LE CENTRE DE PHARMACOPEE ET DE MEDECINE TRADITIONNELLE

Le Centre de pharmacopée Traditionnelle a été créé à HINVI dans le but de promouvoir la pharmacopée traditionnelle par le recensement des radiothérapeutes, la collecte des recettes traditionnelles, l’amélioration de certaines recettes traditionnelles pour les rendre accessibles à tous, enfin l’instauration d’une véritable collaboration entre médecine traditionnelle et médecine moderne.

S’il est important de distinguer les différents types de praticiens sur le terrain, il va de soi que tous les tradipraticiens reconnus par leur communauté peuvent jouer un rôle important dans la prévention et la prise en charge, dans les activités de conseil concernant le SIDA et dans la direction des affaires communautaires.

* élaborer un cadre permettant de formuler une législation et une réglementation appropriées pour des programmes de médecine traditionnelle qui soient opérationnels ;

Fournir une base pour pouvoir prendre en compte les grands problèmes d’éthique :

– respect de la personne à titre individuel et respect de la communauté à titre collectif ;

– promotion des aspects bénéfiques de la médecine traditionnelle et élimination de ses effets néfastes ;

– Promotion de la justice sociale en assurant, sur le plan individuel et communautaire des formes de traitement traditionnelles sûres, acceptables du point de vue culturel et d’un bon rapport qualité-prix.

* L’éducation et la formation en médecine traditionnelle devraient promouvoir l’acceptation et la reconnaissance de cette médecine en tant que partie intégrante du patrimoine culturel de la population, tout en facilitant la collaboration entre systèmes moderne et traditionnel. Des informations sur la médecine traditionnelle et ses praticiens devraient être introduites dans les études de médecine et de soins infirmiers et pour d’autres sciences de la santé, ainsi que dans les sciences sociales et comportementales. Les étudiants en médecine traditionnelle et en médecine moderne devraient participer à des recherches multidisciplinaires. Des informations appropriées sur la philosophie, les principes, l’histoire et l’intérêt culturel de la médecine traditionnelle (mérites et limites) et sur le rôle de ses praticiens devraient être incorporées aux programmes de l’enseignement secondaire et aux cours de formation destinés aux enseignants. Des tradipraticiens éminents devraient être invités à présenter et discuter leurs travaux. Il faudrait insister sur la complémentarité, dans la communauté, des systèmes de santé moderne et traditionnelle dans la communauté auprès des praticiens des deux systèmes, afin de favoriser le respect mutuel. Certaines activités éducatives pourraient favoriser la participation des tradipraticiens aux soins de santé communautaires et notamment :

– des séminaires et des ateliers conjoints devraient être organisés à l’intention des praticiens de la médecine moderne et de la médecine traditionnelle, ainsi qu’à l’intention de spécialistes des disciplines pertinentes ;

Il faut insister sur la formation spéciale à dispenser aux tradipraticiens pour qu’ils puissent participer à certains programmes de soins de santé primaires. Ces praticiens pourraient par exemple accéder à ces programmes par le biais des activités suivantes :

– thérapie de réhydratation orale ;

– accoucheuses traditionnelles dans les dispensaires de soins de santé primaires ;

– planification de la famille ;

– lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le SIDA ;

– programmes intégrés de lutte contre le SIDA et de planification familiale;

– lutte contre les maladies endémiques telles que la lèpre et la tuberculose ;

– programme élargi de vaccination ;

– nutrition ;

– allaitement au sein ;

– évaluation des besoins au moyen d’enquêtes sur les connaissances, les attitudes, les croyances et les pratiques en rapport avec le SIDA ;

– collecte et diffusion d’informations et de statistiques simples sur les soins de santé.

La recherche

La recherche en tant que source d’informations nouvelles pour établir le diagnostic des communautés, déterminer leurs besoins et résoudre les problèmes de santé communautaires doit avoir une place de choix dans l’élaboration des politiques de promotion de la médecine traditionnelle. Il faudrait prévoir des travaux de recherche multidisciplinaires, qui sont les mieux susceptibles de promouvoir les formes traditionnelles de traitement et l’utilisation de tradipraticiens pour les soins de santé primaires dans les districts. Les tradipraticiens devraient être représentés dans tous les organismes officiels nationaux s’occupent de recherches sur la médecine traditionnelle. Ils devraient également être associés à la planification et à la réalisation des travaux de recherche, ainsi qu’à la discussion et à l’évaluation des résultats, dans le souci d’obtenir des informations en retour. Dans toutes ces activités, les tradipraticiens devraient être traités avec respect, rémunérés comme il convient en échange de leurs prestations et dûment reconnus. Les facultés universitaires et les établissements de recherche devraient être encouragés et aidés financièrement à prendre ce genre d’initiatives. Divers types de recherches sont nécessaires pour développer de façon globale et équilibrée la médecine traditionnelle, par exemple :

Il est important de prendre en compte les croyances, les normes, les tabous, les prescriptions et les attitudes dictés par la tradition ou la coutume pour élaborer un code d’éthique pour l’exercice de la médecine traditionnelle, tant au niveau individuel que communautaire. Pour assurer la respectabilité de la médecine traditionnelle,

Organisation des activités

Le centre est organisé en plusieurs sections :

Section Contact avec les Tradithérapeutes

Cette section s’occupe de la sensibilisation, du recensement des tradithérapeutes et de la collecte des recettes traditionnelles.

Section Production

Les recettes ayant fait la preuve de leur efficacité, et de leur innocuité sont améliorées et fabriquées à grande échelle pour les formations sanitaires. Une cinquantaine de spécialités est ainsi fabriquée et mise à la disposition des consommateurs.

Section Consultation

La pandémie du Sida qui sévit dans le monde et en Afrique en particulier n’a pas épargné le Bénin. Tous les moyens qui concourent à l’éradication du fléau sont mis en œœuvre, notamment le recours à la Pharmacopée Traditionnelle en tenant compte du coût excessif de l’anti rétroviral actuellement. L’ONG OPESVaT pour signifier sa volonté d’associer tous les acteurs de la Santé, notamment les Tradithérapeutes dans la lutte contre le VIH Sida, a mis en place une (01) Unité Phytothérapeutiques de prise en charge des personnes vivant avec le VIH. Cette Unité est située à Hinvi. Dans ce contre les malades reçoivent des médicaments à base de plantes et provenant de tradithérapeutes qui les ont eux-mêmes administrés avec succès à leurs patients. Ces personnes sont suivies à la fois par les professionnels des deux ordres de médecine (moderne et traditionnelle). Les consultations sont assurées journalière ment par les professionnels de la santé à des patients qui se rendre au Centre pour y recevoir des soins. .

Section Culture de Plantes Médicinales

Dans le souci de la préservation de la biodiversité pour 1’approvisionnement en matières premières des tradithérapeutes en vue de la prise en charge des problèmes de santé liés au paludisme, à la tuberculose et aux IST/VIH/SIDA au Bénin, un domaine a été aménagé pour la culture à grande échelle des plantes médicinales.

Ce Jardin Expérimental de Plantes Médicinales Menacées de Disparition a reçu l’appui et le financement de l’Agence Béninoise pour l’environnement. Pour sa mise en place.

Ce projet conduit par un expert de conception de jardin botanique recruté est mis en œuvre à Hinvi dans la Commune d’Allada, Département de l’Atlantique. Trois mille neuf cent (3.900) plantes médicinales ont été mises en terre sur une superficie de 1,5 ha avec 78 variétés de plantes différentes soit environ 50 plants de la même espèce.

Ces cultures sont, bien sûr, réalisées dans des conditions biologiques, en tenant compte des données écologiques propres aux différentes espèces. Tous les semis ont été soigneusement dotés d’une étiquette indiquant leur nom scientifique, leur famille, leur nom usuel local et leur numéro de référence.

Actuellement, le véritable problème est l’exploitation anarchique par les populations environnantes des espèces cultivées dans ce jardin expérimental. Dès lors, de graves menaces commencent par peser sur ces précieuses plantes médicinales préservées dans ce jardin expérimental.

Section Récolte de Plantes Médicinales

La matière première servant à la fabrication des recettes traditionnelles améliorée est récoltée soit dans la nature soit cultivée. Les parties des plantes récoltées sont les feuilles, les écorces, les rhizomes

L’ONG OPESVaT recherche des partenaires d’appui à son laboratoire Phytomédicaments pour la culture et la transformation des plantes médicinales entrant dans la fabrication des spécialités. Ceci dans le but de préserver les espèces les plus sollicitées ou en voie de disparition.